Lieu Île Rousse, Corse
Client Arterra
Année 2019
Statut Réalisé
Programme
Équipe Mélissa Epaminondi, Sophie Vigourous
Collaborateurs Andreas Petrakis (photos)
Et si, l’air de rien, c’est ce qui n’était pas visible qui était le plus à même de nous enseigner, à l’abri du secret des relations interstitielles et des solutions changeantes, comment faire face au mauvais Temps... Parce que nos conditions de vies sont intimement liées à la Terre, environnement et société s’annoncent désormais indivisibles.
On n’y voit rien dit le titre de l'essai de Daniel Arasse interrogeant «les aventures du regard» posé sur des tableaux célèbres.
C’est une fenêtre sur l’imaginaire que nous souhaitons ouvrir dans Le jardin des sept erreurs pour mieux interroger notre rapport au visible, à l’invisible, au réel, à la mémoire collective et à cette peur véhiculée par le fait que l’homme a effectivement oublié que sa vie est intimement liée à la Terre. Le « mauvais Temps » serait-il cette atmosphère anxiogène que nous subissons à longueur de journée en allumant télé, radio, écrans, nous signalant que notre planète, à force d’abus, va périr? Rien qu’à observer l’actualité et la puissance de la rumeur décuplée par nos moyens de communications, le récit détourné surtout s’il s’appuie sur la peur ou l’avidité est plus fort que la vérité. On y voit rien, on imagine, on somatise...
« Comment faire face au mauvais Temps »? Pouvons-nous oser répondre simplement: « En pensant au beau Temps? » Serio ludere, jouons sérieusement pour reprendre le proverbe de la Renaissance.
Ouvrons donc cette fenêtre sur l’imaginaire. Le terrain de jeu sera le Parc de Saleccia.
Par ses légendes le désert des Agriates nous rappelle qu’il a été l’un des territoires élu par les premiers hommes de l’île. On pense en particulier à l’histoire de l'Orcu (l'Ogre) qui a vécu avec sa mère l’Orca (l'Ogresse) sur le Monte Revincu dont on raconte que les villageois avaient si peur qu’ils ont fait l'impossible pour le capturer et finirent par avoir raison de lui en le piégeant grâce à des bottes géantes irrésistibles pour l’Ogre et dans lesquelles il resta immobilisé sur place.
Le jardin des sept erreurs sera un parcours dans lequel un certain nombre d’erreurs/décalages auront été sciemment introduits. Il sera composé d’autant de « tableaux » qui convoqueront l’imaginaire du visiteur, amenant un décalage subtil de la réalité faisant alors de ce jardin et de la promenade, un espace extra-ordinaire ouvrant le champ des possible pour se mettre à l’abri du « mauvais Temps ».
Posé au coté de son chevalet le peintre observe attentivement le paysage qu’il choisit de mettre sur sa toile, il en détaille les lumières, les ombres, les plans, les formes ... pour retranscrire ce qu’il voit, ce que lui dicte le paysage. Le regardeur à son tour pourra peut être percevoir le paysage que le peintre à voulu exprimer mais que voit-on du paysage lorsque l’on se promène dans un parc, dans un jardin ou que l’on regarde par sa fenêtre ? Est ce que l’imaginaire n’est pas plus fort que le visible ?

